D.M. Weissbrodt Lausanne 2003
Reproduction interdite
Imprimé en Suisse
Edition privée

Denise Weissbrodt Martin

Les Clés

Physiques et virtuelles

07/06/2002  

Cher Guillaume  

Ton obsession pour les clés, aussi bien virtuelles que physiques  m’a  inspiré ce livret et je te  l’offre avec plaisir.
C’est aussi en signe de reconnaissance envers et en échange du cadeau que Madame Providence m’a fait le 8 décembre 1998, celui-là même de te rencontrer sur le net !

Ce jour là je disais à Olivia qu’il me semblait avoir croisé le petit-fils que Pierre-Alain n’a pas eu le temps de me donner. Je ne croyais pas si bien dire. Maintenant que tu es entré dans ma vie et que tu n’es plus un internaute parmi tant d’autres, il me semble que nous nous connaissons depuis toujours. Tu fais maintenant partie de ceux qui comptent le plus pour moi et je suis heureuse de te transmettre  mes sentiments sur la vie. 

Affectueusement  Denise

   

Voici les clés

Voici les clés pour le cas où tu changerais d'avis
A ta santé, à tes amours, à ta folie
Je vais tenir mes rêves au chaud et le champagne au froid
Car je t'aime
Et n'oublie pas les dix-huit mois de Nicolas.
Voici les clés ne les perd pas sur le pont des soupirs
Elles sont en or on ne sait jamais ça peut servir
Ne t'en fais pas j'ai ce qu'il faut on n'est jamais perdant
Quand on aime
J'ai tes bouquins et ton petit chien, eux sont contents
Voici les clés de ton bonheur il n'attend plus que toi
Appelle-moi si par bonheur elles n'ouvraient pas
Na na na...
Tu sais toujours où me trouver moi je ne bouge pas
Moi je t'aime
Et n'oublie pas la communion de Nicolas.
Gérard Lenorman

Introduction

La première clé que l'enfant reçoit et qui va lui appartenir, a une valeur personnelle extraordinaire; une importance qui ne s'oublie pas. Il devient propriétaire et peut ainsi enfermer ses secrets. Elle peut être celle de l’appartement suspendue à son cou ou celle de son scooter. Il a ainsi le sentiment d’entrer dans l’univers des grands et d’être enfin une personne responsable.

Recevoir la clé de l’entreprise où l’on travaille est une nouvelle aventure. Elle est une marque d’estime de la part de ses supérieurs hiérarchiques qui témoignent de cette manière leur confiance envers leur collaborateur.  

Le mot clé est associé à l’idée très sécurisante de « propriété ». Posséder une clé c’est avoir un droit sur un lieu ou sur une chose toute personnelle. C’est également un moyen de s’enfermer, de s’isoler ou encore de se soustraire au regard des autres.

Plus tard, afin de partager son univers avec d’autres, sa famille, son ami ou son conjoint, cette situation nouvelle nécessite un double de clés. Chacun muni de sa clé personnelle sera en mesure d’entrer ou de sortir librement et d’accéder à un univers plus étendu.  Une seconde, une troisième, et plus encore, l’adulte qu’il est devenu possède maintenant son propre trousseau de clés, celui par exemple  qu’il agite fièrement devant sa voiture. Cette fois ce sont des sentiments d’assurance et de réussite qui l’animent. Il est un homme libre,  il a la certitude qu’il fait partie maintenant des adultes.

Les portes-clés ont pris de nos jours une importance très particulière. Chacun personnalise le sien. Il n’est pas surprenant de voir le signe astrologique du propriétaire, éventuellement son idole, ou encore un quelconque symbole, cliqueter aux côtés de ses clés. C’est la marque de sa propre émotion et de son regard face à lui-même qu’il tient sûrement à démontrer.

Il est étonnant de voir la manière dont les clés matérielles ont changé au fil du temps. Certes, peu nombreux sont ceux qui se souviennent avoir eu en leur possession une clé d’au moins 15 centimètres de long si ce n’est plus!

Fermer sa porte et sortir de chez soi en emportant sa clé était loin d’être pratique. Il était alors plus simple de la déposer dans un endroit secret où il était supposé qu’elle serait en sécurité. Pour certains c’était derrière le volet, dans un pot de fleurs, ou encore une pierre libre dans le mur de la maison. Cette pierre, une fois retirée, offrait une cachette sûre dans laquelle pouvait y loger la clé. Chaque membre de la famille savait que la 4ème ou 5ème pierre du haut ou du bas cachait la clé de la demeure. La maison était protégée. Malheureusement cette ruse fut bien vite connue de tous et ne rendit plus le service souhaité.

Reconsidérer ce moyen désuet et chercher une nouvelle solution fut le travail du serrurier. Le volume des clés fut réduit, elles devinrent plus légères et beaucoup moins encombrantes. Dès lors elles purent être emportées avec soi dans sa poche ou dans son sac.

Leurs dimensions furent d’ailleurs réduites à tel point qu’elles en sont devenues presque invisibles. Mieux encore, elles sont souvent  remplacées maintenant par des cartes magnétiques. Qu’elle soit matérielle ou immatérielle, qu’elle offre le moyen d’entrer dans un endroit ou encore qu’elle donne une solution à un problème, chaque clé a une fonction bien définie.

Préambule

Nous savons que tout petits déjà les enfants sont fascinés par les clés. Les fabricants de jouets ont compris l'attrait que procure un trousseau de clés chez un bébé et en ont donc profité pour en fabriquer de toutes les grandeurs, en matière incassable et très joliment colorés. Il n'était pas rare, il y a quelques années encore, de voir un nouveau-né jouer avec des clés suspendues à son berceau. Le mouvement singulier qu'elles dessinaient lorsqu'elles étaient agitées et le bruit qu'elles émettaient étaient deux bonnes raisons pour qu'un enfant trouve du plaisir à ce jeu et qu’il se divertisse agréablement. De nos jours, ces sortes de jouets ont été remplacés par des objets animés, parfois même musicaux.

Le Bébé 2000 dont je raconte l’expérience est un enfant qui, très tôt, comprend que les clés suspendues à son berceau ne sont qu’illusions. A peine marche-t-il, qu’il s'empare de toutes les clés qu’il trouve à sa portée, puis les dissimule soigneusement dans un endroit qu'il a prévu à cet usage. Une clé manque dans la maison, chez un membre de la famille ou chez des amis, maman retrouve la clé à l'endroit réservé à l'objet convoité. L'enfant se rend bien compte que les clés disparaissent à mesure qu'il les range et que chaque fois papa et maman sont mécontents. Il a droit à une réprimande et n’en comprend pas la raison.

Il est persuadé que seule "une clé" pourrait lui donner l’indépendance qu’il souhaite. Il aspire à plus de liberté et cherche à tout prix à se déloger de l'étroite cloison dans laquelle il se sent retenu.

L'enfant grandit et se sent de plus en plus prisonnier. Sa passion pour les clés grandit alors avec lui pour en devenir une véritable obsession. Il abandonne les clés matérielles et poursuit ses recherches dans les clés virtuelles. Cependant, plus il cherche et plus il se trouve confronté à des énigmes qui se multiplient et qui l’enferment d’avantage.  

Un fascinant millénaire

Le jeune enfant né dans cette ère nouvelle se trouve devant un géant fascinant, riche et dense. Il aperçoit d'innombrables portes, qui se trouvent être des cloisons et des barrières lui semblant infranchissables. Curieux, l'enfant s'obstine et se lance dans l’exploration du monde captivant des clés. Elles prennent alors une dimension qu'il n'avait pas prévue jusque là. Il poursuit ses recherches et s’enthousiasme maintenant pour les clés virtuelles.

Il ne comprend pas encore très bien sur quoi l’expérience va déboucher. Ce n’est que lentement et graduellement qu’il se rend compte des aspects changeants, contraires, capricieux et mystérieux du monde qui l'entoure. Il n'a pas encore d'expérience, il est donc impératif d’apprendre et d’apprendre vite.

Un jour, il fait la malheureuse expérience que certaines clés déclenchent un système d'alarme. Effrayé par ce bruit intempestif, l'enfant se sent pris au piège.

Une fois sa frayeur surmontée, il décide d'aller plus loin et tente d'élucider le mystère des clés "protégées", ce qui n’est pas pour lui déplaire. Pour en savoir davantage, il cherche, cherche encore et trouve " la clé " : c'est à dire le code du système d'alarme. Il parvient à ouvrir et, fier de sa réussite, s'introduit dans des endroits privés et protégés.

Ce n'est plus un jeu banal de clés maintenant. Il prend des risques. Mais sa découverte ne le satisfait qu'à moitié. Il a grandi et sent que ce qu'il fait n'est pas bien. Mais il ne veut pas en rester là.

 La technologie est maintenant l’immense enjeu de ses découvertes. Il est heureux, il manipule des clés. Des toutes petites, d'autres géantes, qu’il s'ingénie à décoder de son mieux. Il y parvient avec une facilité déconcertante qui le ravit. Sa curiosité naturelle le pousse à aller toujours plus loin.

Qu’elles soient matérielles ou virtuelles, toutes les clés le passionnent. Il prend peu à peu conscience que chacune d’elles lui offre une plus grande ouverture sur la vie et sur le monde. Il découvre également, ce qui est pour lui le plus important sans doute, qu’elles lui donnent accès au pouvoir. La technologie lui offre la clé idéale pour satisfaire ses besoins innés de découvertes. Toutefois des doutes s’installent. Si, au lieu d’ouvrir, les clés ne l’enfermeraient-elles pas davantage ?

C’est maintenant « la connaissance de sa propre identité »  qui l’intéresse et dont il espère trouver la clé.

Découvrira-t-il cette clé mystérieuse qui est en mesure d'ouvrir son cœur et ses sentiments ? Oui sans doute, le jour où il aura compris et réalisé qu'il est beaucoup plus simple de laisser la porte ouverte.

 

La clé de la ville

Un peu d’histoire [1]           

Dès l’âge de pierre, l’homme sentit le besoin de s’abriter en fermant sa grotte ou sa caverne. Cette clôture primitive manifestait du souci d'avoir une vie privée. La peur des autres hommes était certes présente, mais l’important était surtout de survivre au milieu des fauves.  Pour cela il était nécessaire de trouver un moyen  de se protéger.  

A l'époque néolithique, nos ancêtres acquirent la technique de la cloison rotative. Ce fut la naissance de la porte.

Puis ils inventèrent le verrou mais étant peu sûr, ils inventèrent ensuite  la cheville mobile de bois qui assura le véritable verrouillage. Ce fut la naissance de la serrure. Cette cheville pouvait être actionnée par la dent d'une broche. La clé venait d'être découverte.  

A l’époque des villes fortifiées, la clé de la ville était réservée au magistrat le plus digne, au chef militaire ou le plus souvent au roi. Elle lui donnait le droit de vie et de mort sur ses sujets.

De nos jours, symboliquement bien entendu, la clé de la ville est attribuée au maire, ou « au syndic » pour certaines communes suisses, qui jure d’en faire bon usage durant le temps de son mandat. C’est un gage de responsabilité qu’il prend devant les citoyens qui lui confient la gestion de leur ville.

On ignore encore la date et le lieu de naissance de la clé. Les premières découvertes datent du deuxième millénaire avant Jésus Christ.



[1] L’histoire des clés figure au MUSEE DU BATIMENT 03000 Moulins /

Allier France  http://musee-batiment.pays-allier.com/page_accueil.htm

C'est sous le règne de Louis XIV que furent édités les règlements corporatifs de 1650 où il est dit que la serrurerie fait partie des quatre arts libéraux, après la peinture, la sculpture et la musique.

Jean LAMOUR un des grands serruriers du XVIII ème siècle disait en parlant du Métier de serrurier «que cet art est reconnu comme un des premiers. Tant par son antiquité, sa nécessité que par les inventions qu'il a produites et qu'il produit journellement par la noble émulation de nos habiles artistes de France qui l'ont porté à un degré si éminent qu'il ne laisse surtout rien à désirer».

Chapitre 1
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