Les aventures d’un gardiennage.

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Shirley, est une chatte de 5 ans, persane et de couleur anthracite. Elle m’a été confiée pour une durée de deux semaines, juste le temps nécessaire pour ses maîtres de prendre un peu de vacances.Shirley, est une chatte de 5 ans, persane et de couleur anthracite. Elle m’a été confiée pour une durée de deux semaines, juste le temps nécessaire pour ses maîtres de prendre un peu de vacances.

 

Nous sommes fin juin et il fait une chaleur caniculaire. Evidemment, il ne s’agit pas que Shirley s’échappe. Volets et même fenêtres fermées, toutes les précautions sont alors prises pour que ce gardiennage se passe dans les meilleures conditions, pour la chatte, bien entendu.
Le lendemain de son arrivée elle m’avait déjà fait comprendre que les félins ont une certaine affinité pour les endroits cachés, retirés, qu’ils ont soins de choisir loin de notre portée.

 

Ce matin là je tente d’allumer mon ordi, pas moyen. Ha !

Plus de lumière nulle part ! Je contrôle le tableau d’allumage, c’est bien ça, les plombs ont sauté. Néanmoins, impossible de reconnecter la lumière. Je cherche alors l’endroit d’où peu bien provenir le court circuit. Aucun problème nulle part, il ne me reste que  les câbles de l’ordi à vérifier. Cela ne peut venir que de là.

 

Zut ! Il va falloir que je me faufile derrière le bureau pour accéder aux fils. Les meubles ne facilitant pas ma pénible entreprise, il m’est difficile de me glisser derrière l’ordi..

Je tire le meuble qui se trouve à ma portée et  alors, que vois-je ? Shirley couchée sous le radiateur et sur les fils électriques. En se couchant la bougresse tirait sur une prise et occasionnait ainsi le court-circuit. Je suis les fils jusqu’à l’ordi et je découvre une prise restée en suspens ce qui cause bien entendu le court-circuit.

Ouf ! Au bout d’une heure et demie le courant est rétabli. La prise est réinstallée, j’avais néanmoins écopé d’un bon tour de reins.

Il me fallut un jour ou deux, le temps que mes douleurs dorsales s’en aillent, pour lui pardonner. Je lui ai toutefois trouvé une bonne excuse ; la pauvresse, laissons-lui le temps de s’apprivoiser dans cet endroit inconnu.

Un peu plus tard dans la matinée, la fenêtre de la cuisine étant ouverte, Shirley toisa la situation et décida de déguerpir en sautant tout d’abord sur le toit de la porte d’entrée, ensuite les boîtes aux lettres faisant office de deuxième relais, elle arriva au sol, éberluée, le temps qu’elle se remette de son émotion j’étais descendue et je la récupérais. Ouf ! J’ai eu bien peur mais il me semble qu’elle aussi !

Le gardiennage commençait mal, me semblait-il.

Il s’agissait donc de redoubler d’attention. Dorénavant cette fenêtre resta fermée. Le pire était à prévoir.

Chaque nuit, dès trois heures et cinq heures du matin ses activités nocturnes me réveillent et, tant qu’à faire, je me lève, garnis son écuelle de pâtée et je me rendors, néanmoins que d’un œil, ne sait-on jamais !
Il fait une chaleur accablante et, évidemment, il ne s’agit pas que Shirley profite de mon sommeil pour s’échapper. Tout est donc bien fermé. Je laisse juste une petite fente de quelques centimètres au bas d’un store pour laisser passer un peu d’air.

Mardi, 04 :30.

La journée commence mal. Depuis un moment déjà, Shirley fait du tapage. Je me lève et lui parle gentiment. Je lui donne à manger, elle paraît calmée, je retourne me coucher, en restant tout de même attentive à ses allées et venues.

04 :45

J’entends le bruit du store. Mon dieu pourvu qu’elle ne saute pas en bas de la fenêtre. Etant au premier étage, elle serait capable de tenter de s’échapper. Je sors de mon lit, je regarde par la fenêtre, pas de chat. Bon, tant mieux !

Elle est sans doute cachée quelque part. Tout de même je préfère m’en assurer et je cherche dans tout l’appartement. L’inspection est vite faite deux petites pièces, une cuisine et la salle  de bain, elle n'est nulle part. Misère me dis-je ! Elle aura sauté !

J’enfile un vêtement, je prends une lampe de poche et je descends. Elle n’aura pas eu le temps d’aller bien loin, pensais-je. Je cherche méticuleusement dans le buisson le plus proche, mais rien.

Pas facile à repérer un chat noir dans la nuit. Même munie d’une lampe de poche c’est comme chercher une aiguille dans une botte de paille. J’espère que ses deux beaux yeux jaunes, brillants comme des petits soleils auront la sagesse de me témoigner de sa présence.

Une voisine partant à son travaille, prend 5 minutes de son temps et m’aide à chercher. Je passe au peigne fin tous les buissons. Dans ce cas, l’expression la plus correcte  serait " avec un manche à balai ". Rien !

05 :00

La peur et la panique me saisissent. Je fais maintenant appel aux pompiers, qui me dit ne rien pouvoir faire pour moi, hélas. Je suis seule, il fait encore nuit et ma peur grandit en même temps que le jour se pointe. Ma bouteille d’eau, elle, se vide tant ma gorge et sèche par l’émotion et l’angoisse grandissante.

05 :30

Enfin une autre voisine, gentiment me vient en aide. Nous cherchons mais en vain. Alors nous imaginons et nous scrutons, sur le sapin, les saules, qui sait, elle a pu avoir peur et grimper aux arbres. Non toujours rien !!

Si seulement un chien passait par-là, me dit ma voisine, il la délogerait vite et bien. C’est vrai, mais le quartier est calme et tout le monde dort encore. Elle  me dit encore  avec un air malicieux: He bien ! Si elle nous voit, elle doit bien rire de nous. 

Ma voisine me quitte et j’abandonne les recherches.

06 :00

Sachant que le chat en général est très attaché à sa maison, j’imagine que  Shirley cherchera à rentrer à son domicile situé à 1 kilomètre environ de là. Alors j’évalue tous les dangers auxquels elle sera confrontée au long de son voyage. Tout d’abord, la faim, la soif sans compter la circulation à laquelle elle n’est pas habituée.

Ho la pauvre petite ! Elle qui n’a jamais mis le nez dehors elle ne va pas s’en sortir ! Me dis-je !

Il y a deux parcours. Le plus simple, celui auquel je pense tout d’abord est semé de buissons, une forêt, donc plein d’endroits où elle pourra trouver refuge, tant mieux. Le deuxième, beaucoup moins sûr est plus court. Dans les deux cas, il reste le giratoire qui, étant aussi dense la nuit que le jour est dangereux et là, aucun moyen d’y échapper. Osera-t-elle passer le carrefour ? Je n’ose me l’imaginer !  Je la sens en danger et je frémis  pour elle, mais que faire ?

Désespérément j’appelle : Shirley, Shirley où es-tu ? Ho mais… Répond s’il te plaît !

Je rentre à la maison, j’allume mon ordi et j’imprime en vitesse une dizaine de petits billets que je vais coller sur les portes des magasins le long du début du parcours que Shirley emprunterai si elle songeait à regagner sa maison.

06 :15

Je réveille une amie qui aime bien les animaux. Je sais qu’elle me comprendra et me donnera peut être une idée. Elle me promet de venir dans la journée avec sa voiture et me propose de nous rendre au domicile de Shirley pour prévenir les voisins d’une éventuelle rentrée au bercail de notre fugueuse. Au cas ou elle arriverait à son domicile avant dimanche les voisins seraient au courant et pourraient en prendre soin. Je m’informe aussi du nom du concierge et je le prie de bien vouloir mettre, en attendant, une affichette sur la porte d’entrée.

Ha ! Je ferais aussi bien d’insérer une petite annonce, pensais-je !

Par exemple  : chatte pas heureuse dans son foyer d’accueil retourne chez elle en direction de   …. M … à …L, voyons, ce n'est pas sérieux.

Néanmoins une courte annonce est enregistrée dans le quotidien de la région, cela va me coûter 32. F mais tant pis, il faut la retrouver et vite !

Voilà tout ce qui était possible de faire, je l’ai fait. Il ne me reste plus qu’à espérer. C’est à ce moment que la triste vérité s’affirme et me fait peur.

Mon dieu que vais-je dire aux propriétaires à leur retour  si je ne la retrouve pas ! ! !

"  Bof ce n’est rien, ne vous en faite pas, elle va revenir sous peu ! " ?
Non bien sûr je ne vais pas leur dire ça. Quelle horreur, j’en ai mal au ventre rien que d’y  penser.

15 :00.

Arrivent Ruth et Olivia

Ruth --- Voyons ! Es-tu bien certaine d’avoir chercher partout ? Après un regard circulaire dans chambre, sous le lit, non, je ne vois rien !

Olivia ---, Derrière ces livres, crois-tu qu’elle aurait pu s’y cacher ? .

Moi ----- Mais non ce n’est guère possible et par quel endroit aurait-elle grimpé ?

Un bref coup d’œil derrière les livres….

Et bien oui ! Le petit monstre est là ! Calme, imperturbable, elle nous regarde avec ses grands yeux qui en disent long sur son bien être et son « jemenfoutisme ».

Par quel moyen était-elle arrivée jusque là, mystère, mais de toute évidence nous ne l’intéressons pas. Elle n’a qu’une envie c’est qu’on lui fiche la paix.

Notre étonnement passé je lui fais remarquer tout de même que c’est une affreuse et une coquine. Je lui explique qu’elle aurait au moins pu signaler sa présence par un petit miaulement qui aurait suffi pour que je ne m’inquiète pas tant, cela m’aurait évité bien du tracas et tout ce branle-bas.

Ouf quel soulagement !

Délivrée d’un grand poids et heureuse de l’avoir retrouvée, j’enlève les affichettes, annule la petite annonce et enfin je peux manger un peu et dormir.

Depuis 04:30 du matin et jusqu’à 18 :00 elle est restée dans sa cachette sans même faire un seul signe d’existence.

Elle m’a fait une belle frayeur, j’aurais dû pourtant me méfier qu’un chat est doté d’un caractère imprévisible.

Il me reste 5 jours de gardiennage et je me demande bien à quoi je devrais m’attendre encore. Et bien non, les chaleurs persistantes, Shirley a continué de squatter l’étagère.

Ce n’est que le dernier jour que j’ai enfin pu voir par où et par qu’elles prouesses elle avait accès à son petit refuge. A l’aide de deux rayons de bibliothèque, situés côté à côte, elle arrivait à se hisser à l’étage supérieur et trouver ainsi asile dans cet espace réduit, tranquille, pour la journée entière.

Samedi après midi ses maîtres sont venus la chercher et nous avons bien rit de cette aventure. Mais tout de même, je n’ose pas imaginer ce qui se serait passé dans le cas contraire.

Un petit bisou, tout est pardonné, Shirley est retournée chez elle, par le moyen le plus sûr, la voiture de papa et maman


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Juin 2001 d.wm

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